TEXTE DE LA COMMISSAIRE

Métal, crinoline, argile, plâtre… Des mélanges éclectiques et des couleurs sombres connectent les artistes Jannick Deslauriers et Jesus Castro Rosas dans la plasticité de leur travail. Leur affinité va au-delà de leur exploration matérielle : une fascination pour des paradoxes existentiels et un questionnement sur les espaces spatio-temporels sont leurs pierres angulaires de leurs rencontres.

C’est le détail d’une catastrophe, les lumières arrière d’un véhicule en lambeau, un crash grandeur nature. Sentence, souffle et linceul met en scène un événement de destruction. Pendant que Jannick met l’accent sur la banalisation des tragédies engendrées par l’univers médiatique, elle capture un instant, un moment éphémère ou un symbole de la société contemporaine, qu’elle traduit à travers des techniques ingénieuses. La lourdeur du sujet est ensuite transposée dans un nuage de crinoline minutieusement brûlé par-ci, par-là – le tout soutenu par une légère structure métallique imperceptible. Cette combinaison de matériaux crée un effet fantomatique, faisant transcender la sculpture au-delà du statut d’objet.

Le zénith est le point le plus haut au-dessus de notre tête et le nadir est le plus bas sous nos pieds; d’où le titre de la sculpture de Jesus Castro Rosas, Zénith-Nadir. Dans cette œuvre, on peut observer une forme de tête humanoïde, posée sur le sol, face vers le ciel, un peu comme à l’intersection du zénith et du nadir. C’est à la lumière de ça que l’artiste s’est concentré sur l’alliage entre plusieurs matériaux tantôt délicats, tantôt bruts. Cette œuvre est le résultat d’un mélange entre argile, métaux recyclés, plâtre et eau : un amalgame complexe conçu un peu au hasard. Cette expérimentation reflète les questionnements qu’a l’artiste sur les modes de pensées et visions du monde. Ayant vécu au Mexique jusqu’à ce qu’il immigre au Québec dans sa mi-vingtaine, Jesus tire son inspiration principalement de sa vie paradoxale entre le sud et le nord. 

Avec Sentence, souffle et linceul, Jannick Deslauriers crée une antinomie entre la lourdeur d’un événement désastreux et sa relation à l’espace-temps, éphémère, alors qu’il se fond sous une montagne de faits divers. Toustes deux expriment ces concepts à travers l’exploration matérielle et produisent un travail au rendu hétéroclite.