TEXTE DE LA COMMISSAIRE

Karen Tam et Tong Zhou Lafrance sont intimement liées par leur recherche sur la construction des récits autour de la diaspora chinoise. Traitant de différentes problématiques touchant cette communauté, les artistes posent un regard unique sur leur identité diasporique influencée par leur expérience personnelle.

L’installation de Karen Tam Tchou’s Sheen-wah-zree consiste en un lieu inspiré de boutiques de souvenirs ou restaurants que l’on trouve communément dans les quartiers chinois à travers le monde. On peut prononcer le titre « chinoiseries de Tchou », « tchou » ne signifiant rien d’autre qu'une onomatopée en dérision des langues chinoises souvent empruntée par des non-initié·e·s. La photo sélectionnée offre une vue à travers la fenêtre quadrilobe de l’installation, donnant un coup d'œil, limité mais marquant, sur le lieu et les objets qui y sont disposés. Avec l’image de l’installation physique ne permettant pas aux visiteur·se·s d’y entrer, on provoque un effet de voyeurisme. Jouant avec la notion d’authenticité des objets qui habillent ce type de lieu, Karen mélange des objets trouvés et achetés avec ceux qu’elle crée en papier mâché. Fondamentalement, elle questionne la représentation de l’identité chinoise à travers la consommation.

L’œuvre de Tong Zhou Lafrance est issue d’une série nommée Untitled Labour. À travers le « tissage-photo », ielle déconstruit et reconstruit des images issues de son dossier d’adoption. Ce dossier est composé d’un ensemble de photos souvenirs récolté par ses parents lors de leur séjour en Chine pour l’adoption. Tong Zhou se questionne sur son passé identitaire et surtout sur les procédés entourant l’adoption. Le titre de la série questionne l’opacité entourant cette pratique et surtout le fait qu’elle peut être considérée comme une activité taboue et potentiellement profitable. On peut observer la juxtaposition entre deux photos souvenirs, l’une en haut et l’autre en bas. L’esthétique sombre et intrigante qui en dégage est à l’image du questionnement qui entoure sa recherche. Au moment de son adoption, les parents de Tong Zhou ont été invités à visiter différents lieux touristiques ; ici, il était question d’un atelier d’artisanat.

Communément, Karen et Tong Zhou traitent du voyeurisme occidental sur la Chine, alors que Karen met en scène des lieux à l’authenticité questionnable, explorant ainsi la culture du produit et comment celle-ci met l’emphase sur des fétiches culturels. Tong Zhou décortique des photos souvenirs, fragments de son passé, pour mieux comprendre son identité et le processus qui l’a mené vers le Canada.